Afin de faciliter l’accès à des poèmes traitant des différentes périodes de la préhistoire et de l’histoire, la bande à Augustin a établi une brève sélection allant du pré-paléolithique à la période contemporaine. De quoi alimenter les cours de poésie pour les jeunes de 6 à 11 ans ou de se faire plaisir entre amis.
Poésies sur la préhistoire et l’histoire
Les poèmes qui suivent ont été choisis selon quatre critères :
- leur relation avec l’archéologie, c’est-à-dire avec les compétences techniques de l’être humain à travers le temps,
- leur relation avec une période définie du temps recouvrant autant la préhistoire que l’histoire,
- leur justesse scientifique (c’est-à-dire du point de vue archéologique) dans la limite de nos connaissances actuelles,
- leur accessibilité pour des jeunes d’aujourd’hui.
Le public ciblé concerne les professeurs des écoles enseignant en fin de cycle 1 (CP), de cycle 2 (CE1-CE2) et en cycle 3 (CM1, CM2 et 6e) ainsi que les passionnés d’archéologie et de poésie quel que soit leur âge.
Les poèmes sélectionnés peuvent être utilisés en cours de poésie, mais également en relation avec les cours de science pour l’Histoire, la géographie et la démarche d’investigation ainsi que pour l’enseignement du numérique et des arts visuels en plus du français (lexique). Une diversité de styles poétiques est recherchée avec : alexandrins, sonnets, haïkus, vers libres, etc. Les auteurs peuvent être de grands classiques comme des auteurs contemporains voire des jeunes ayant réalisé une production dans le cadre d’un cours à l’école ou au collège.
Sommaire
La préhistoire (du Pré-Paléolithique au Néolithique)
Rares sont les poèmes présentant les différentes périodes de la Préhistoire. En voici un.
Histoire de la Préhistoire
Comme un tout jeune enfant,
Qui fait ses premiers pas,
Au Pré-Paléolithique, tu te redressas.
Très fier de toi, encore poursuivant,
Tu découvres le feu et tout en finesse,
Au Paléolithique, tu es un expert du silex.
Trop de pertes de matière, il faut économiser.
Rivalisant d’intelligence, tu vas miniaturiser.
Au Mésolithique, c’est la gloire des microlithes.
Nombreux nous sommes, nous voilà déjà cosmopolites,
Animaux et plantes sont domestiqués.
Au Néolithique, nous devenons organisés.
Jean-Olivier Gransard-Desmond (1975-) / CC BY NC SA, Février 2020
Pré-Paléolithique
Faire du feu
Prendre deux silex,
Ce n’est pas le bon réflexe.
Prendre un champignon !
On commence à être bon.
On tape sur une pyrite
Ca fait l’effet d’une dynamite.
Voilà une belle étincelle !
Ajouter des brindilles pêle-mêle,
On obtient un grand feu
Qui fera des envieux !
Aurélie Pettoello, extrait de Comptines préhistoriques, Édition L’hydre jeunesse, mai 2008
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Poème adapté à des enfants de Cycle 2 (CP-CE1-CE2)
Paléolithique
Les Cro-Magnon
L’un derrière l’autre nous marchons.
À la recherche des bisons.
Nous lancerons les pierres qui tuent
Pour nourrir toute la tribu.
On nous appelle préhistorique,
Mais nous inventons la musique.
Et dans nos grottes vénérées,
Naissent les premiers artistes et l’humanité.
Dans cent, dans mille, dans dix mille ans,
Dans le regard d’un enfant savant,
Nos animaux reprendront vie.
Et de nouveaux dans nos esprits,
Mammouths et bisons danseront,
Grâce aux hommes de Cro-Magnon.
Pour en savoir plus sur le principe de chaîne opératoire, outil fondamental de l’archéologue, évoqué par ce poème, voir l’entée Wikipedia « Chaîne opératoire ». |
Merci le renne !
Je tanne une peau de renne
Pour en faire une robe d’hiver,
J’y accrocherai des perles par centaines,
Elle sera vraiment super !
Je tanne un peau de renne
Pour en faire des chaussures,
Avec un peu d’ocre et trois poils de hyène,
Elles auront fière allure !
Je tanne un peau de renne
Pour en faire une sacoche,
Pour ranger mes fruits et mes graines
Et ne plus en avoir plein les poches !
Je tanne un peau de renne
Pour en faire une toile de tente,
Elle me protégera sans peine,
Il y fera toujours trente !
Merci le renne !
Aurélie Pettoello, extrait de Comptines préhistoriques, Édition L’hydre jeunesse, mai 2008
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Poème adapté à des enfants de Cycle 2 (CE1-CE2)
Homme de la préhistoire
Avec tes dessins d’un autre âge,
Vestiges de ton passage,
Tu as nourri notre imagination,
Depuis tant de générations.
Quel espoir quand tu as fait le feu !
Combien tu as dû être heureux !
Puis, tu as élevé des animaux.
Tu as dressé des chevaux.
Tu as travaillé la terre
Et découvert le fer.
Tu as gravé la pierre
Et nous as laissé tes prières.
Auteur inconnu
L’homme de Lascaux
Dans la grotte de Lascaux,
Courent des centaines d’animaux.
Des bisons, des rennes, des chevaux,
Des cerfs, des vaches et des taureaux…
Mais les artistes géniaux
Qui ont peint ces animaux,
N’ont laissé, sur les parois de Lascaux,
Qu’un seul homme et qu’un seul oiseau.
Une scène pathétique
De chasse au paléolithique :
Un homme de Cro-Magnon
Renversé par un bison.
Mais ce qui est étonnant,
Pour ne pas dire renversant,
C’est que le seul homme de Lascaux
Ait une tête d’oiseau.
Auteur inconnu
Mésolithique
En attente d’un texte adapté
Néolithique
Révolution Néolithique
J’étais nomade et je vagabondais encore.
Me voici sédentaire, fixé depuis lors.
Dans ma hutte de paille, d’argile et de bois,
J’ai trouvé le plaisir d’être en un seul endroit.
Et bien après le feu, les outils et les arts,
Le jour s’est relevé sur de nouveaux savoirs.
Plus que lassé de ces techniques aguerries,
Je m’amuse et je crée de tout nouveaux outils.
J’amasse et puis je stocke tous les grains de blé,
Que chèvres et moutons n’ont pas voulu manger.
De nos armes en cuivre et nos innovations,
Faisons vivre alentour cette Révolution.
Jean-Olivier Gransard-Desmond (1975-) / CC BY NC SA, Mai 2020
Nouvelle ère
Un jour je me suis dis : « j’arrête de courir ! »
Et je me suis posé au bord de la rivière.
J’ai choisi de changer, j’ai choisi de construire,
Et de rendre pour moi la terre nourricière.
Le jour s’est relevé sur de nouveaux savoirs
Mes anciennes techniques sont améliorées,
Je ne voulais plus rien qui soit aléatoire
J’ai semé, engrangé, cultivé, élevé !
Dans ma hutte de paille, d’argile et de bois,
Le foyer allumé et la couche moëlleuse
J’ai trouvé le plaisir d’être à un seul endroit.
Alors je dis : « Voilà ! La vie est prodigieuse ! »
Ils diront bien plus tard : « C’est le Néolithique.
Ils ont fait des outils plus affinés qu’avant,
Ils ont creusé les champs, ont rendu domestiques
Les animaux sauvages, sont devenus marchands. »
Christiane Angibous-Esnault (1947-) / CC BY NC SA, Mai 2020
Renku tiré de Alsace Viêt-Nam, l’escapade d’un rêve
ruines du Wasenbourg
au long des pierres à cupules
remonter le temps
Minh-Triết Phạm (1975-) extrait de
Minh-Triết Phạm & Christiane Haen-Ranieri, Alsace Viêt-Nam, l’escapade d’un rêve, Unicité, 2017.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Poème adapté à des enfants de Cycle 1 (MS-GS), Cycle 2 (CP-CE1-CE2), Cycle 3 (CM1-CM2-6°) et Cycle 4 (5°-4°-3°), le discours et la demande de compréhension étant à adapter en fonction de l’âge.
L’histoire (de l’Antiquité à la période contemporaine)
Antiquité
Les Gaulois
Rendus célèbres par Goscinny et Uderzo
Qui racontent les aventures de deux héros,
L’un petit et mince, et l’autre un peu plus gros
Ce sont les Gaulois, ce sont les Gaulois.
Arrivés en Gaule vers moins huit cents,
Celtes et Grecs ont cohabité pacifiquement.
Leurs voisins ont alors dit d’eux, naturellement,
Ce sont des Gaulois, ce sont des Gaulois.
Excellents agriculteurs et forgerons,
Amateurs de cervoise, est alors apparue une question.
Inventer le tonneau fut la solution.
Ce sont les Gaulois, ce sont les Gaulois !
Et si un jour dans la rue vous croisez
Un homme portant moustache, tunique et braies,
Alors vous aussi vous pourrez clamer
C’est un Gaulois, c’est un Gaulois !
Romain Bernaud
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.
Joachim du Bellay (1522-1560), Les Regrets, sonnet XXXI, Janvier 1558
Moyen Âge
Chant du chevalier
Il était noble, il était fort.
Il se battait pour une reine.
Il était noble, il était fort
Et fidèle jusqu’à la mort.
Il la prit par la main un soir.
C’était la plus pauvre des reines
Il la prit par la main un soir
Et la fit sur le trône asseoir.
Il posa la couronne d’or
C’était la plus humble des reines
Il posa la couronne d’or
Sur sa tête comme un trésor.
Haut l’épée, il se tenait droit
C’était la plus faible des reines
Haut l’épée, il se tenait droit
Pour la défendre, elle et son droit.
À ses pieds tristes, en vainqueur,
C’était la plus triste des reines
À ses pieds tristes, en vainqueur,
Il mit le monde… Hors son cœur.
Il mourut pour sa reine un jour.
C’était la plus pauvre des reines
Il mourut pour sa reine un jour…
Il aimait une autre d’amour.
Marie Noël (1883-1967), Chants d’arrière-saison, 1961
La gargouille
Ouille ouille ouille, s’écrie la gargouille !
Si c’est la fête à la grenouille,
C’est la fête à mes cervicales,
Je n’vous parle pas de mes dorsales,
Bref, pas moyen d’aller au bal !
Tout en haut de la cathédrale,
J’éloigne les mauvais esprits,
Je n’suis pas d’une beauté fatale
Mais c’est le rôle de ma vie.
D’ailleurs on aime photographier
Mon sourire un peu crispé.
L’hiver me pose des cheveux blancs
Et une barbichette au menton,
Sans demander ma permission,
C’est vraiment pas du tout marrant.
J’adore les giboulées de mars,
C’est le moment de faire des farces :
Une goutte sur le professeur,
Une goutte sur Monsieur le curé,
Une goutte sur le p’tit facteur,
Une goutte sur le gros boucher.
Je n’y peux rien si mon sculpteur
M’a donné l’envie de rigoler !
Tout l’été à se dessécher
Et même pas moyen de bronzer !
Mais je ne suis pas amère
Car ma voisine c’est la chimère.
On papote comme des commères
On ragote comme des vipères
En vous regardant passer.
Période Moderne
Les Conquérants
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bord mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;
Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignorés,
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.
José Maria de Hérédia (1842-1905), Les Trophées, Alphonse Lemerre, 1893, p. 111
Période Contemporaine
Rhin romantique, croisière en haïkus, extrait
sur un éperon
flanqué de grosses tours
le château et sa fierté
Minh-Triết Phạm (1975-), recueil Rhin romantique, croisière en haïkus,
Saint-Chéron : Édition Unicité, 2020, p. 27
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Poème adapté à des enfants de Cycle 1 (MS-GS), Cycle 2 (CP-CE1-CE2), Cycle 3 (CM1-CM2-6°) et Cycle 4 (5°-4°-3°), le discours et la demande de compréhension étant à adapter en fonction de l’âge.
La maison du berger, extrait
Que Dieu guide à son but la vapeur foudroyante
Sur le fer des chemins qui traversent les monts,
Qu’un ange soit debout sur sa forge bruyante,
Quand elle va sous terre ou fait trembler les ponts
Et, de ses dents de feu, dévorant ses chaudières,
Transperce les cités et saute les rivières,
Plus vite que le cerf dans l’ardeur de ses bonds!
Oui, si l’ange aux yeux bleus ne veille sur sa route,
Et le glaive à la main ne plane et la défend,
S’il n’a compté les coups du levier, s’il n’écoute
Chaque tour de la roue en son cours triomphant,
S’il n’a l’œil sur les eaux et la main sur la braise,
Pour jeter en éclats la magique fournaise,
Il suffira toujours du caillou d’un enfant.
Sur le taureau de fer qui fume, souffle et beugle,
L’homme a monté trop tôt. Nul ne connaît encor
Quels orages en lui porte ce rude aveugle,
Et le gai voyageur lui livre son trésor!;
Son vieux père et ses fils, il les jette en otage
Dans le ventre brûlant du taureau de Carthage,
Qui les rejette en cendre aux pieds du dieu de l’or.
Alfred de Vigny (1797-1863), recueil Les Destinées, 1864, p. 17-42 / extrait du poème « La maison du berger », I, p. 22-23
Renku extrait de Paris, ma romance
pendule de Foucault
suivre le temps à la trace
dans le Panthéon
Minh-Triết Phạm (1975-) extrait de
Minh-Triết Phạm & Christiane Haen-Ranieri, Paris, ma romance, Unicité, 2018.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Poème adapté à des enfants de Cycle 1 (MS-GS), Cycle 2 (CP-CE1-CE2),
Cycle 3 (CM1-CM2-6°) et Cycle 4 (5°-4°-3°), le discours et la demande de compréhension
étant à adapter en fonction de l’âge.
Usine de campagne
Usine ourlant de laideur grise un champ de blé
si honteuse dans sa logique
de dresser là ses murs de briques
qu’on la prendrait pour un grand vaisseau naufragé.
Sa cheminée trop haute et qui semble vétuste
distille une fumée d’hiver
que le vent aussitôt conquiert
pour tracer dans le ciel un fin chemin d’arbustes.
Le lierre et les orties cernent les alentours
et la mousse attendrit ses tuiles
en leur donnant un air fertile
de jachère attendant l’époque des labours.
Mais dans l’été qui dort son haleine est trop forte
pour les papillons audacieux
et les blés ont pris l’air soucieux
des arbres quand ils voient tomber leurs feuilles mortes.
Pierre Béarn (1902-2004), recueil Couleurs d’usine, 1951
La fusée
Cette vive chaleur, qui ondoie et qui flamboie
Voilà qu’elle apparait, une étoile en plein jour,
Nous attendons le fameux compte à rebours
Armés de nos jumelles et de nos bouts de bois.
Helma (collégienne à l’École Franco-Indienne Sishya – Chennai)
Ce poème se lit de bas en haut
pour reproduire le décollage de la fusée
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