Hiroshige et l’éventail au Musée Guimet

Le Musée Guimet nous invite à un voyage dans le Japon du XIXe siècle au travers de l’exposition « Hiroshige et l’éventail », du 15 février au 29 mai 2023. Cette présentation bénéficie des prêts exceptionnels de la Collection Georges Leskowicz.

« Hiroshige et l’éventail »
Musée national des Arts asiatiques – Guimet

L’exposition conçue par Christophe Marquet, historien de l’art japonais, rend hommage aux œuvres méconnues d’Utagawa Hiroshige (1797-1858), l’un des derniers grands noms de l’ukiyo-e, que sont les estampes destinées à orner des éventails plats ou uchiwa.

L’éventail plat en bambou ou uchiwa se popularise à l’époque d’Edo (1603-1868) et les estampes qui recouvrent les deux faces deviennent l’un des supports d’expression de la créativité des maîtres du mouvement artistique ukiyo-e (« image du monde flottant »). La forme de l’éventail représente une contrainte pour les artistes et donne naissance à des compositions astucieuses. L’ukiyo-e se distingue par la production d’estampes sur le thème des divertissements des habitants d’Edo, l’ancienne Tokyo, tels que les courtisanes des quartiers des plaisirs ou encore les comédiens du théâtre kabuki. À la suite de la censure et du développement des routes et du tourisme, l’estampe paysagère gagne en popularité vers la fin de l’époque d’Edo. Les caractéristiques stylistiques majeures de l’ukiyo-e sont une riche palette de couleurs, un format de composition plat et la tracée de contours accentués. Les encres japonaises à l’eau utilisées dans la technique d’impression sur bois offrent un large éventail de couleurs vives, de glacis et de transparences, qui font la renommée des estampes de l’ukiyo-e de l’époque d’Edo.

Durant ses années actives, Utagawa Hiroshige réalisa plus de six cent cinquante estampes destinées à orner des éventails. Cette exposition présente une sélection de quatre-vingt-dix-huit œuvres réunies au sein de la prestigieuse Collection Georges Leskowicz, qui est la plus importante collection privée de feuilles d’éventails de Hiroshige et la deuxième plus importante au monde après celle du Victoria and Albert Museum de Londres. Ces feuilles d’éventails, dont beaucoup sont des exemplaires très rares voire uniques, ont été réalisées entre le milieu des années 1830 et la fin des années 1850. Elles sont en excellent état de conservation, alors même qu’elles étaient destinées à orner des éventails qui sont des objets usuels du quotidien, puisque ce sont les premiers tirages conservés par les éditeurs, jamais montés sur une armature. Elles témoignent de la grande inventivité graphique de l’artiste et de sa maîtrise de la composition des scènes et de la technique des couleurs.

L’exposition se déploie dans la rotonde, au deuxième étage du musée, dans une ambiance feutrée propice à l’immersion dans la poésie de l’œuvre de Hiroshige.

Après la présentation des techniques de confection de l’éventail plat, dont l’armature rigide en bambou ne se plie pas, l’exposition aborde les thèmes de prédilection de l’artiste. Ainsi, en la parcourant, nous sommes amenés à découvrir les sujets qui lui sont chers, tels que les paysages, notamment les sites célèbres d’Edo, ville où il vécut toute sa vie, et les paysages des provinces. Hiroshige doit sa réputation à ses estampes paysagères à partir des années 1830. Elles représentent plus de la moitié des sujets connus de ses feuilles d’éventails. Il y montre un réalisme documentaire presque photographique. La série complète « Les Huit Vues d’Ômi » est l’ensemble phare de l’exposition, puisque c’est l’une des deux seules séries complètes de Hiroshige connues, l’autre appartenant au musée des beaux-arts de Boston. Les portraits féminins, les sujets historiques ou littéraires ou encore les associations de fleurs, d’oiseaux et d’animaux complètent l’inventaire de l’exposition. Ces derniers représentent également un thème cher à Hiroshige avec environ quatre-vingt-dix œuvres connues. On y trouve les feuilles d’éventails parmi les plus élaborées de l’artiste.

Au delà des sujets, c’est la composition des oeuvres de Hiroshige qui nous frappe : il place régulièrement des personnages ou animaux au premier plan, avant de créer des effets de profondeur de champ et n’hésite pas à utiliser de nombreux dégradés de couleurs, notamment celui de sa préférée, le bleu de Prusse. Son influence sur les impressionnistes européens, tels que Monet, Whistler et Van Gogh est indéniable.

La particularité esthétique des feuilles d’éventails de Hiroshige réside dans une représentation sobre de la réalité, exécutée avec des traits très réalistes et des compositions empreintes d’une grande régularité. Ainsi, la beauté délicate des traits des visages ou les détails des paysages, ainsi que le mouvement des corps et des tissus sont rendus avec des lignes de grande précision.

Hiroshige est maître en l’art de capturer l’instant présent dans toute sa fragilité, avec sa maîtrise de la composition et des couleurs. L’éphémère et le fragile deviennent alors éternels sous nos yeux.

Musée national des arts asiatiques – Guimet
Hiroshige et l’éventail
Commissaire générale de l’exposition Christophe Marquet, directeur d’études et responsable du centre de recherche de l’EFEO (École Française d’Extrême Orient) à Kyoto et membre de l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (INALCO, Université Paris Cité, CNRS)
Tarif : 11,50 € et 8,50 € (réduit) pour accéder à l’exposition et aux collections permanentes – Seconde visite gratuite dans les 14 jours qui suivent la date d’achat du billet.
6 place d’Iéna – Paris 16 – www.guimet.fr
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Pour aller plus loin

• Site internet de la Fondation Jerzy Leskowicz
• Article sur Hiroshige sur BnF Essentiels
• Vidéo sur la technique de l’ukiyo-e

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