Début Juillet, ArkéoTopia a eu la surprise de voir surgir un site porté par le Ministère de l’Éducation Nationale français intitulé Refondons l’École de la République. Tout un programme !
Au sein d’Arkéotopia, nous saluons l’initiative qui nous a toutefois surpris à plusieurs niveaux. Certes les présidentielles ne s’étaient terminées que le 6 Mai et parmi les sujets les plus urgents, il y a bien évidemment l’éducation. Cependant, pourquoi avoir choisi de lancer une concertation sur un sujet d’ordre national au moment où la majorité des acteurs sont en congés ? C’est-à-dire durant l’été. Choix d’autant plus surprenant que la fin de ladite concertation est prévue pour fin Septembre.
Les acteurs scientifiques, institutionnels, associatifs et syndicaux avaient-ils été prévenus à l’avance ? C’est ce que pourrait laisser présager l’importante liste des intervenants qui est apparue aussi soudainement que le site lui-même quelques semaines après la mise en ligne des premières pages. Si les personnes et groupes mentionnés ont été prévenus, il est légitime de se demander comment ? Outre l’absence d’appel public, il ne semble pas y avoir eu d’appel en interne à en juger par l’ignorance de nos contacts dans le primaire et le secondaire et par l’absence de certains organismes institutionnels comme l’Association des Professeurs d’Histoire de l’art et d’Archéologie. La démarche paraît donc bien opaque.
Si l’initiative ne semble pas des plus démocratique au départ, peut-être y a-t-il un moyen de rejoindre le mouvement ? Le fait est que les organisateurs ont songé à proposer aux citoyens et aux organismes le désirant de contribuer à la réflexion via un formulaire. Cependant, pas de courriel, de téléphone ou de bureau d’accueil et si vous intervenez via le formulaire ainsi que nous l’avons fait, pas de copie courriel de votre contribution ou de simple notification de la bonne réception de celle-ci. Nous irons même plus loin. En tant qu’acteur de l’éducation, nous nous devions de participer et c’est pourquoi nous avons contribué le 7 Juillet 2012.
Tout en acceptant le principe que notre publication, en tant que contribution, soit publiée, nous avons écrit le message suivant via le processus proposé :
Madame, Monsieur,
Au sein d’ArkéoTopia, nous estimons qu’aux fondamentaux à savoir : lire, écrire et compter, s’ajoute celui de réfléchir. Autrement dit, ne pas seulement appliquer mécaniquement des connaissances mais les entourer systématiquement de réflexion apportant un réel savoir-faire : l’exercice de l’esprit critique. Pourquoi ? Parce que, par exemple, lorsque l’enfant ou l’étudiant va utiliser Internet, il faut qu’il soit capable de déterminer la pertinence de sa source. Ou, autre exemple, lorsqu’il sera amené à voter plus tard, il faut qu’il soit capable de le faire en comprenant les enjeux des programmes présentés par les candidats. Pour tout cela, il a donc besoin de bases qui doivent s’apprendre dès l’école primaire et s’étendre bien évidemment au secondaire et au supérieur.
Sur ce point, outre la Finlande en Europe, le Ministère de l’éducation vietnamien a également intégré la carte mentale ou Mind Mapping comme outil de facilitation à l’apprentissage des élèves (cf. http://english.vietnamnet.vn/en/education/11077/moet-plans-to-treat-rote-learning-with-mind-map.html). Il serait donc peut-être intéressant de faire de même.
Si l’aspect ludique a son importance, c’est avant tout la démarche que nous retenons au sein d’ArkéoTopia. Si l’outil aide à structurer l’analyse et la synthèse indispensables à une carte mentale efficace, la démarche, le pourquoi faire une carte mentale s’ajoute à l’exercice. Cette démarche est un bon moyen d’arriver aux notions d’esprit critique et de structuration de la pensée que nous estimons indispensables à un enseignement de qualité, et ce dès le primaire.
Bien entendu, aux aspects précédents relatifs au contenu, il serait nécessaire que le respect dû aux enseignants et une réelle évaluation soient travaillés dans l’idée d’une refonte de l’École de la République.
Nous serions intéressés pour suivre plus avant l’atelier relatif à la “réussite scolaire pour tous”.
Merci de nous en faire connaître les modalités.
Outre l’absence de notification de réception, nous n’avons reçu aucune réponse à notre demande. S’il est normal que toutes les contributions des internautes ne puissent être relayées, il serait agréable a minima qu’elles soient lues au risque sinon de devenir un simple outil démagogique ou populiste de plus.
Nous espérons sincèrement que cette concertation, indispensable au processus de modification qui amènera à légiférer d’ici quelques mois sur un sujet aussi important, se déroulera sous les meilleures auspices, mais nous sommes déjà certains d’une chose : le changement ne semble malheureusement pas pour demain.
Pour en savoir plus…
- L’école française en quelques chiffres.
- L’université en quelques chiffres (Septembre 2011) avec mise à jour en 2021.
- Accédez au rapport public Refondons l’école de la République. Rapport de la concertation du 5 octobre 2012.
- La page www.refondonslecole.gouv.fr n’étant plus active, nous vous renvoyons sur la loi du 8 juillet 2013 portant sur l’orientation et la programmation pour la refondation de l’école de la République.